L’interview
d’un chasseur de têtes
Par
Bill BREEN
Tiré de Fast Company numéro 21, page
154
Lorsque Nick A. CORCODILOS
débuta dans la chasse de têtes, il y a environ 20 ans, il avait le
regard affûté pour dénicher les talents mais il n'arrivait pas
toujours à faire mouche. Alors qu'il réussissait sa part de la
chasse, les candidats qu'il avait dénichés échouaient souvent
dans la leur. Depuis sa base de SILICON VALLEY, il envoyait de
véritables stars vers des sociétés de premier rang telles que
XEROX, IBM, GE, et HEWLETT PACKARD. CORCODILOS, âgé maintenant de
43 ans, savait que ces candidats étaient parfaits pour le poste
mais ceux ci n'accrochaient pas la proie à leur tableau de chasse.
Ils rataient leur coup avant, pendant ou après les entretiens du
type "ça passe ou ça casse".
C'est pourquoi, au lieu de
simplement chercher des talents, CORCODILOS commença à conseiller
également ceux ci. Il aida les candidats à améliorer leur taux de
coups au but en les incitant à se focaliser sur un petit nombre de
sociétés, en les aidant à obtenir les bons contacts et en leur
montrant comment fournir aux sociétés, au cours des entretiens, ce
qu'elles recherchent précisément. Par la suite il s'exprima sur
Internet et, plus tard, écrivit le livre mythe intitulé
"Questions au chasseur de têtes" (PENGUIN / PLUME, 1997).
Depuis qu'il a transporté sa base opérationnelle à LEBANON (NEW
JERSEY), il a enseigné l'évolution de carrière à des
collaborateurs de haut vol appartenant à des sociétés telles que
AT&T, MERRILL LYNCH et PROCTER & GAMBLE.
Pour vous aider à
conclure votre prochaine recherche d'emploi par un coup au but à
coup sûr, FAST COMPANY a demandé à CORCODILOS de lui tracer un
plan qui permettrait de réinventer les règles de la chasse. (Et
comme beaucoup de gens chassent non seulement pour trouver un emploi
mais aussi pour trouver des talents, nous offrons trois encadrés
sur la façon de recruter comme un chasseur de têtes).
Dans l'entretien qui suit,
CORCODILOS présente les bases d'une chasse fructueuse, de la
préparation aux tactiques puis à la mise en œuvre. En résumé,
il vous montre comment offrir la seule chose qu'un employeur
recherche à coup sûr : la certitude que vous êtes en mesure
d'occuper le poste et de le faire avec profit.
1. Votre CV ne sert à
rien
Les chasseurs de têtes
savent qu'un CV ne vous fait que très rarement entrer dans une
société. Un CV ne peut ni assurer votre promotion ni répondre aux
questions qui vous concernent. Tout ce qu'un CV est en mesure de
faire c'est mettre en valeur votre passé et votre passé est
largement inadapté car il ne démontre pas que vous serez capable
d'effectuer le travail dont le recruteur a besoin.
"Un CV laisse à
l'employeur le soin d'imaginer quelle valeur ajoutée vous pourrez
apporter à leur organisation" dit CORCODILOS. "Ce n'est
pas ainsi que vous pourrez vous mettre en valeur".
Souvenons nous du vieux
principe de Marketing selon lequel un échantillon gratuit donne au
consommateur une bonne raison d'en vouloir plus, CORCODILOS suggère
d'en faire autant avec votre CV : donnez à l'employeur potentiel un
exemple de ce que vous pouvez lui apporter.
"Introduisez un
nouveau paragraphe dans votre CV" conseille t il "Appelez
le VALEUR AJOUTEE". En deux phrases précisez ce que vous allez
apporter à l'employeur. Soyez spécifique : vous devrez sans doute
créer un CV différent pour chacune des sociétés que vous
approcherez.
"Si en quelques
lignes vous décrivez votre valeur ajoutée dans le domaine qui
intéresse spécifiquement le recruteur, vous transformez votre CV
en un outil de marketing qui vous distingue du lot commun en vous
présentant comme un candidat qui s'est fixé comme objectif
d'améliorer les résultats de son employeur plutôt que comme un
simple chercheur d'emploi".
2. Allez vers les
Ressources Humaines - et perdez votre temps !
Les chasseurs de têtes ne
traitent avec le département des Ressources Humaines que lorsqu'ils
doivent pourvoir un poste très visible tel que PDG ou DG. Dans les
autres cas, ils évitent les R.H. à chaque fois que cela est
possible. Faites en autant.
"La plupart des
départements de Ressources Humaines" dit CORCODILOS,
"créent une infrastructure Byzantine qui s'emploie d'abord à
mouliner du papier. Ils vous emballent, vous organisent, vous
mettent en fiches, vous trient. Ce n'est qu'après, si vous n'êtes
pas perdu dans le tourbillon, qu'ils vous transféreront vers un
chef de service qui sait vraiment en quoi consiste le travail".
Quelques professionnels
des Ressources Humaines excellent à trouver le bon candidat pour le
bon poste, mais ce sont des exceptions prévient CORCODILOS. En
général, les R.H. vous ralentissent et vous obligent à entrer en
compétition avec d'autres candidats. Un bon chasseur de têtes
court circuitera ce processus en allant directement vers la seule
personne qui compte réellement : le chef de service qui en fin de
compte prend la décision d'embauche.
"Pendant que le
candidat type attend son entretien avec le départements des
Ressources Humaines, le chasseur de têtes est au téléphone,
utilisant une voie détournée pour atteindre le chef de service qui
décide de l'embauche ou discute directement avec lui".
3. La véritable
adéquation offre demande a eu lieu avant l'entretien
Un chasseur de têtes
n'envoie jamais un candidat à un entretien si celui ci n'est pas
parfaitement qualifié pour la fonction à pourvoir. Dans votre
propre recherche, vous devez faire les mêmes efforts pour vous
assurer de votre adéquation. Mais vous ne pourrez pas vous assurer
d'une bonne adéquation si vous ne maîtrisez pas tous les
paramètres de la fonction au moment où vous pénétrez dans la
salle d'entretien. Et cela exige une certaine recherche de votre
part.
La meilleure façon
d'obtenir des informations sur une société est de discuter avec
des membres de celle ci. Kenton GREEN, 28 ans, chroniqueur
occasionnel du site Internet "ASK THE HEADHUNTER" a
utilisé cette technique alors qu'il terminait un doctorat
d'ingénierie électrique à l'université de Rochester : "Je
trouve un article publié dans mon domaine par quelqu'un qui
travaille dans une des sociétés qui m'intéressent. Je l'appelle
et demande à lui parler."
"Au cours de la
conversation," poursuit GREEN, "je signale ma
disponibilité et discute des besoins en personnel de la société.
Et je me trouve dans l'alternative suivante : ou bien je décroche
un entretien, ou bien j'apprends que finalement nous ne sommes pas
autant en adéquation que je le pensais et je suis ravi de ne pas
perdre mon temps à envoyer un CV au département R.H. de cette
société".
Plus souvent qu'on ne
croit, en creusant et en étudiant la société, vous trouverez que
celle ci et vous même n'êtes pas vraiment faits l'un pour l'autre.
"Et c'est une bonne chose" nous dit CORCODILOS, "car
lorsque vous trouvez la bonne occasion, vous irez à l'entretien
avec la certitude que c'est bien la société à laquelle vous
voulez collaborer. Vous n'irez pas à l'entretien à moitié
préparé.
4. Ne potassez pas
l'entretien - entraînez vous à occuper le poste
Après avoir fait des
recherches sur une société vous connaissez ses défis et ses
objectifs, sa culture et ses concurrents l'étape suivante consiste
à s'entraîner à occuper le poste. Préparez vous, conseille
CORCODILOS, à mener des "actions coup de poing" :
- montrez que vous avez
compris les tenants et aboutissants du poste. "Demandez
quel problème le dirigeant souhaite régler en vous embauchant.
Et assurez vous de comprendre quel but le dirigeant poursuit :
augmenter les ventes ? augmenter les marges ? entrer chez un
Grand Compte à n'importe quel prix ? Vous devrez alors à
montrer comment vous pouvez aider la société à atteindre son
objectif".
- montrez votre maîtrise
dans le poste : "Préparez vous à mettre l'accent sur les
étapes que vous franchirez pour résoudre le problème de votre
employeur et atteindre les buts qu'il s'est fixés. Montrez à
l'employeur comment vous pensez et comment vous
travaillez".
- montrez quel profit la
société pourra tirer de votre embauche. "Soyez prêt à
traiter des questions de rentabilité : comment votre façon
d'occuper le poste réduira t elle les coûts ou augmentera t
elle le chiffre d'affaires ? Chiffrez votre action. Le chiffrage
n'a pas besoin d'être parfaitement exact, mais vous devez vous
préparer à le défendre de façon structurée".
"Ces actions coup de
poing vous aideront à conduire l'entretien là où vous le
souhaitez tout droit vers votre embauche", conclut CORCODILOS.
"Point tout aussi important, elles vous aideront à obtenir le
soutien de votre employeur".
5. Le choc de la
vérité : l'employeur veut vous embaucher
Selon CORCODILOS,
"une société mène des entretiens afin de recruter le
meilleur candidat pour le poste à pourvoir. Le recruteur sera ravi
s'il se trouve que ce candidat c'est vous puisqu'il pourra alors
arrêter les entretiens et retourner à son travail".
Aussi, adoptez l'attitude
de circonstance : "Si vous êtes convaincu que votre
interlocuteur veut vous recruter, vous aurez une attitude positive
lorsque vous vous présenterez à l'entretien" nous dit
CORCODILOS. "Et qui sait, votre attitude pourrait déjà
influencer le recruteur en votre faveur".
6. Ce n'est pas un
entretien - c'est votre première journée dans le poste
La plupart de candidats
considèrent un entretien comme un interrogatoire. L'employeur pose
des questions, le candidat donne des réponses. Les chasseurs de
têtes s'arrangent pour éviter ce scénario.
"Considérez
l'entretien comme votre première journée dans le poste"
conseille CORCODILOS, "Votre attitude doit être celle d'un
collaborateur qui est là pour parler d'un nouveau projet et non
l'attitude plus obséquieuse du candidat qui espère recevoir une
proposition".
"Les candidats qui se
considèrent déjà comme des collaborateurs forcent la décision en
leur faveur car ils montrent qu'ils ont compris ce que l'on attend
d'eux et qu'ils sont prêts à le faire. Occuper le poste est la
façon la plus rapide que je connaisse pour prendre le contrôle de
la situation. Cela permet de transformer une séance de questions
réponses en une complicité entre deux personnes qui ont saisi leur
chance de porter un nouveau regard sur leur travail".
7. Pour emporter la
proposition, mettez vous à l'ouvrage
Comment occupez vous le
poste au cours de l'entretien ? Voyez comment CORCODILOS a coaché
Gerry ZAGORSKI, maintenant directeur du développement commercial
chez AT&T. Le Vice Président qui dirigeait l'entretien précisa
à ZAGORSKI que la réunion ne durerait pas plus de 20 minutes.
ZAGORSKI, âgé à
présent de 40 ans, alla vers le tableau et souligna les défis
auxquels la société devait faire face ainsi que les étapes qu'il
franchirait pour accroître les marges. Quinze minutes plus tard,
alors que ZAGORSKI notait ce qu'il estimait pouvoir ajouter au
résultat, il ferra son interlocuteur.
"Sa mâchoire
inférieure touchait le sol", raconte CORCODILOS, "il dit
à ZAGORSKI qu'un entretien ne serait pas nécessaire. Au lieu de
cela, le V.P. fit entrer son équipe et la réunion dura deux
heures. On n'en était pas à un absurde entretien standard : la
démonstration de ZAGORSKI avait totalement changé
l'ambiance".
8. Vous avez reçu une
proposition ? Faites passer un entretien à la société
Lorsqu'une société fait
une proposition, elle fait plus qu'accorder un titre et des
conditions d'embauche elle cède une partie du contrôle qu'elle
peut avoir sur le processus d'embauche.
"Au début de
l'entretien, l'employeur a le contrôle de l'offre et dispose du
pouvoir qui va avec" dit CORCODILOS, "mais en faisant la
proposition, l'employeur transfère ce pouvoir au candidat. Peu de
gens dans cette situation se rendent compte qu'ils disposent du
pouvoir".
CORCODILOS suggère de
séparer conquête de la proposition et négociation des conditions
d'embauche. "C'est alors le moment pour vous de réfléchir aux
moyens de faire évoluer la proposition pour qu'elle s'accorde avec
vos objectifs. C'est le moment de faire passer un entretien à la
société" dit il.
Demandez à rencontrer les
membres de l'équipe que vous êtes invité à rejoindre. Demandez
à voir les outils et ressources qui seront mis à votre
disposition. Demandez à rencontrer les directeurs et membres
importants de l'équipe qui influeront sur votre aptitude à
accomplir vos tâches. Demandez un salaire plus élevé mais
seulement si vous estimez le mériter vraiment. Ne vous faites pas
de souci sur la façon dont l'employeur réagira à ces demandes.
"Pour autant que vous
présentiez vos demandes d'une façon professionnelle et non comme
des exigences" dit CORCODILOS, "une société sérieuse
prendra en compte ce que vous jugez important".
Souvenez vous seulement
qu'une fois que vous avez la proposition, la relation entre vous et
l'employeur s'inverse. Maintenant c'est vous qui menez l'entretien
et le recruteur est le candidat. "Vous avez le pouvoir"
dit CORCODILOS "de décider si et à quelles conditions vous
êtes prêt à recruter cette société".
Nick CORCODILOS est un chasseur de têtes reconnu à l'échelle
des Etats-Unis, conférencier, et fait autorité dans le domaine de
l'approche directe, du recrutement et du succès professionnel. Nick
a débuté sa carrière en 1979 dans la Silicon Valley et a été
cité dans le WALL STREET JOURNAL, le NEW YORK TIMES, FAST COMPANY,
ainsi que CNN, CNBC et MSNBC. Il a écrit : Ask
The Headhunter: Reinventing the Interview to Win the Job
(Penguin/Plume, 1997).
Traducion par M. G. Fenyö.
The contents of this site are Copyright (c)
1995-2015 North Bridge Group LLC.
All rights reserved.
This material is for personal use only. Republication and redissemination,
including posting to news groups, is expressly prohibited without prior written consent.
Ask The Headhunter, Fearless Job Hunting, the ATH logo and other ATH titles are trademarks or registered trademarks of North Bridge
Group LLC and
Nick A. Corcodilos. |
User
agreement, legal information and disclaimer. |
|